Alors que les affaires ont été rendues publiques, les sœurs Bénédictines du Sacré Cœur de Montmartre ont publié un communiqué avec des sœurs ayant quitté cet institut. Le communiqué fait état d’une lecture du passé avec notamment l’examen de certaines pratiques douloureuses. Ce communiqué s’inscrit dans l’intention de prière du Pape François pour le mois de mars 2023 : « faire la totale lumière sur les dysfonctionnements subis afin qu’ils ne se reproduisent pas ».
Après de nombreuses années de liens rompus avec l’Institut des Bénédictines du Sacré Cœur de Montmartre (BSCM), plusieurs sœurs sorties ont repris contact avec la prieure générale actuelle. Un début de relecture du passé de l’Institut a été entrepris les 11 et 12 février 2023, entre des BSCM et plusieurs sœurs sorties. Étayée par des témoignages oraux et écrits, cette rencontre a permis de mettre des mots communs sur tout un système d’emprise, aux conséquences graves et durables, mis en place sur plusieurs décennies par l’autorité de l’époque. A l’issue de ce week-end, d’un commun accord, et dans un dialogue retrouvé, la publication d’une déclaration officielle faisant part de la reconnaissance d’abus subis au sein des BSCM a été décidée.
Toutes celles qui s’associent à cette déclaration sont broyées par l’ampleur des souffrances qu’elles ont subies durant tant d’années : abus spirituels et de conscience, abus de pouvoir et d’autorité, séparation des sœurs d’avec leur famille et leur référent spirituel, violences morales et physiques, menaces, mensonges systématisés, calomnies, climat de peur et de manipulation, humiliation, privation de liberté, absence de discernement vocationnel…
Ces mises en lumière publiques, attendues depuis trop longtemps, suscitent indignation, colère, et douleur. Le caractère tardif de cette déclaration, près de 20 ans après les conclusions de la visite apostolique de 2004, et 10 ans après celles de 2012, manifeste l’ampleur, la puissance et la profondeur de l’emprise. Les responsables actuelles de l’Institut déplorent avec force cette perversion de la vie religieuse durant ces années d’emprise, ainsi que toutes les violences subies et endurées par toutes, qui ont engendré de graves traumatismes, dont les effets perdurent encore chez certaines aujourd’hui. Ces dérives ont causé de nombreux départs de sœurs, dans des conditions trop souvent douloureuses et difficiles, l’autorité de l’époque ne les ayant ni soutenues, ni accompagnées, mais ostracisées.
Ce constat pousse les responsables actuelles de l’Institut à demander pardon à toutes celles qui ont été victimes de ces abus, à leurs familles et proches parfois profondément blessés et désemparés ; et en particulier à Roseline de Romanet (Mère Marie Vianney), empêchée, malgré elle, d’exercer sa charge de prieure générale de 1998 à 2004, humiliée, gravement et durablement calomniée (ainsi que sa famille) auprès des sœurs et de l’Eglise. En même temps, elles la remercient ainsi que toutes celles qui ont brisé le silence, dénoncé les dérives, rencontré l’indifférence ou le mépris, allant même jusqu’à sacrifier leur vocation.
À la suite des conclusions de la visite apostolique de 2012, puis dans l’élan du chapitre général de 2020, l’Institut s’est engagé dans un chemin de réforme et de conversion. Ce chapitre général ainsi qu’une relecture de l’histoire par toutes les sœurs en juin 2021, ont été deux étapes essentielles dans ce processus de renouveau. Plusieurs points d’attention et de vigilance ont émergé en vue de la mise en place d’un juste exercice de l’autorité, d’une formation continue des sœurs, dans le domaine des sciences humaines et du droit canonique ainsi que la mise en place d’un accompagnement humain et spirituel dispensé par des personnes qualifiées.
Le souhait de toutes celles qui s’associent à cette déclaration, est aussi de s’inscrire dans l’intention de prière formulée par le Saint-Père pour le mois de mars 2023 : « faire la totale lumière sur les dysfonctionnements subis afin qu’ils ne se reproduisent pas ». Dans les mois qui viennent, les signataires de cette déclaration commune demandent la mise en place d’une commission indépendante et pluridisciplinaire, afin de permettre à l’Institut de mieux identifier, comprendre et analyser l’ensemble des dérives qui ont eu lieu ainsi que d’envisager les contours d’une juste réparation.
Sœur Marie Elie, prieure générale de la congrégation des BSCM, et le Conseil Général
Source: Famille chrétienne