Sur la Côte d’Azur, en face de Cannes, l’abbaye de Lérins se dresse sur une petite île paradisiaque. La première communauté de cette abbaye remonte au Ve siècle ! C’est donc l’un des premiers lieux monastiques de France. Aujourd’hui encore, les moines cisterciens continuent d’y évoluer selon la règle de saint Benoît “Ora et labora” (“Prie et travaille”), produisant notamment des liqueurs et de grands vins, certifiés bio depuis 2019 !
L’abbaye reste également marquée par le passage de plusieurs figures saintes de la religion catholique, s’étant succédés au fil des années (grâce à quelques cuvées de vins, chapelles, ou encore archives précieusement conservées).
Divine Box vous en dit justement un peu plus dans cet article : allons-y !
Abbaye de Lérins vue du ciel © Abbaye de Lérins
Quatre figures emblématiques
Saint Patrick, le saint patron irlandais
Eh non, vous ne rêvez pas !
Saint Patrick est né d’un père percepteur, en 380, en Grande-Bretagne. Enlevé par des pirates quand il n’avait que 16 ans, il est vendu et devient esclave. Pendant sa captivité, il a la révélation de la foi et réussit à s’enfuir. Arrivé à l’abbaye de Lérins vers 420, il repart aussi vite, vers 430. Il commence alors à évangéliser toute l’Irlande.
Et le saviez-vous ? Le trèfle à trois feuilles, aujourd’hui symbole de l’Irlande, lui serait dû ! En effet, lors d’un célèbre sermon, sur le rocher de Cashel, Saint Patrick décida d’imager la Trinité pour en expliquer son mystère, et saisit alors un trèfle à trois feuilles !
Vitrail, représentant saint Patrick avec son fameux trèfle © Le Télégramme
Saint Hilaire, l’heureux élu
Originaire de Bourgogne, Saint Hilaire est le premier disciple de saint Honorat, fondateur de l’abbaye de Lérins. Il décide de se séparer de tous ses biens pour se consacrer à la vie monastique et constitue très vite, un exemple à suivre. De fait, sa réputation de sainteté fut telle que les Arlésiens souhaitaient le nommer évêque après la mort d’Honorat.
Saint Hilaire refusant cette fonction, on raconte qu’il connut alors une grâce de Dieu et vit une Colombe se poser sur le sommet de sa tête. Il interpréta alors cette scène comme un signe divin et accepta finalement de devenir évêque. Heureux élu !
Saint Loup, d’époux à moine
À cette même période, Pioméniole, sœur d’Hilaire, se marie avec un certain Lupus, originaire de Troyes. Mais après sept années de vie commune, les époux décident conjointement de se séparer pour entrer au monastère, chacun de leur côté. Lupus se retire alors à l’abbaye de Lérins, où il grandit beaucoup en vertus. Il finit par repartir dans sa ville natale, à Troyes, pour la protéger notamment de l’invasion des Huns d’Attila.
À la suite à l’attribution de plusieurs miracles, comme le foudroiement d’un seigneur qui allait transpercer le corps de son esclave à l’aide d’une épée, Lupus est canonisé. Il prend alors le nom de saint Loup, célébré chaque 29 juillet.
Saint Loup de l’abbaye de Lérins arrête Attila devant Troyes – © Meisterdrucke.fr
Saint Maxime, figure emblématique de nombreux miracles
En 426, saint Honorat, à l’origine de la fondation de l’abbaye, décide de quitter Lérins pour devenir évêque d’Arles. Il est alors remplacé par celui qui sera le futur saint Maxime. Rendant la vue à des aveugles, guérissant des malades, chassant chaque soir le diable d’un signe de croix etc… celui-ci enchaîne les miracles !
Rapidement, sa renommée se construit et se répand dans le pays. Il est alors nommé évêque pour le diocèse de Fréjus, mais réussit à se cacher dans l’île pour éviter cette fonction… L’année suivante, il est rappelé à ce même poste, mais pour devenir le premier évêque de Riez. Et s’il essaye à nouveau de se cacher, le futur saint Maxime est retrouvé et on l’oblige finalement à accepter sa mission.
À sa mort en 455, on dit que son cortège funéraire croisa celui d’une jeune fille décédée. Celle-ci se réanima soudainement et se joignit au cortège du saint. Incroyable !
Des vins nommés après trois saints
L’abbaye de Lérins est aujourd’hui connue, entre autres, pour ses vins d’abbayes, plébiscités par les plus grands dégustateurs comme Pablo Basso (meilleur sommelier du monde 2013), et servis à de grands dîners comme au G20 ou au Festival de Cannes. Chaque cuvée célèbre l’abbaye et les saints qui ont marqué l’histoire du monastère !
Saint Honorat
Pourquoi n’avons-nous pas commencé par lui, en fin de compte ? Car nous parlons ici du fondateur de l’abbaye de Lérins !
C’est au tout début du Ve siècle, que le futur saint Honorat est exilé sur l’île de Lérins, au large de Cannes, sur ordre du premier évêque de Fréjus, Léonce. Cette terre était alors inhabitée, car infestée de serpents. La légende (non vérifiée à ce jour…) raconte qu’Honorat se met alors à prier, et que le Ciel l’entend ! Il prie tout d’abord pour tuer les reptiles, puis une autre fois pour qu’une grande vague débarrasse l’île des cadavres des serpents. Saint Honorat est exaucé, le miracle opère ! À la suite de cet épisode, de nombreux jeunes viennent à sa suite, et il lance alors rapidement les travaux du premier monastère.
Pour rendre hommage à cette figure emblématique du monastère, fêtée le 1er décembre, les moines de Lérins ont naturellement baptisé leur principal vin : la cuvée Saint-Honorat. Un vin rouge 100 % Syrah, récompensé par la médaille de bronze au concours “Syrah du Monde” en 2022, idéal pour accompagner viandes rouges et morbier. Santé !
Cuvée Saint Honorat récompensée de nombreuses fois – Divine Box
Saint Eucher
Au même moment, précisément en 416, Eucher, riche sénateur venu du pays d’Aigues et nouveau converti, arrive à l’abbaye de Lérins. Sous la pression des attaques de tribus germaniques, il s’y retire avec ses deux fils (Véran, et Salonius), laissant sur place son épouse Galla, alors enceinte, ainsi que leurs deux filles.
Eucher décide de déléguer l’éducation de ses enfants à Hilaire, futur successeur de saint Honorat à la tête de l’abbaye de Lérins, qui les conduit plus tard à être saints ensuite. Dans cette famille, c’est fantastique, on est saint de père en fils !
Célèbre par ses écrits, il dénonce déjà en 430 « qu’on voit encore, en ce monde aux cheveux blancs, la famine, la peste, la dévastation, les guerres et la terreur » !
En son honneur, les moines de Lérins ont baptisé un de leur vin rouge : “Saint-Eucher”. Il s’agit là d’un magnifique pinot noir élevé en fût de chêne, aux notes de cerise et de cassis, qui accompagne à merveille un saumon cuit au four ou une pièce de veau par exemple.
Saint Salonius
Saint Salonius, deuxième fils de ce cher saint Eucher, grandit donc, lui aussi, sur l’île de Lérins. Élevé, comme son frère, par Hilaire et par son père, à la lumière de la Bible, il devient ensuite clerc et est nommé évêque de Genève de 441 à 460. En 441 notamment, Salonius participe au concile régional d’Orange qui porte sur les questions de la prédestination et de la damnation des hommes. Après son décès, ses vertus lui valent d’être proclamé saint.
Parmi les produits monastiques de l’abbaye de Lérins, la cuvée “Saint-Salonius” en est sans doute l’un des plus prestigieux. C’est un vin rouge, 100% pinot noir, qui a été servi aux chefs d’États du G20 en 2011 ! Le millésime 2009, récompensé par une note de 98/100 par le Magazine du Vin des Éditions Lafont Presse, figure au 15ᵉ rang des meilleurs vins de France. Plutôt honorat-ble, non ?
Frère de l’abbaye de Lérins procédant à la récolte du raisin © Abbaye de Lérins
Des chapelles en l’honneur de certains saints
Sur l’île de Lérins, en plus de l’abbaye, on trouve aussi une forteresse du XIe siècle ainsi que sept chapelles réparties tout autour de l’île, fruit de l’histoire de cette île convoitée. Chacune de ces chapelles porte un nom bien précis. Et justement deux d’entre elles rendent hommage à deux saints moines qui ont marqué, en leur temps, la communauté : saint Porcaire et saint Caprais.
Saint Porcaire
Rien de compliqué, mais il existe deux saints Porcaire, tous deux abbés de Lérins ! Le premier est élu en 489, tandis que le second, saint Porcaire II, plus célèbre, devient le 23e abbé du monastère vers 730. C’est lui qui voit le massacre de plus de 500 religieux de sa communauté, peu de temps après vers 731, par les Sarrasins, chassés de Poitiers. La scène tragique est notamment représentée sur l’un des vitraux de l’église Notre-Dame-de-Bon-Voyage, à Cannes.
Et si vous ne la connaissiez pas, rien d’étonnant ! La chapelle Saint-Porcaire est privée et malheureusement non accessible au public.
Chapelle saint Porcaire sur Lérins © geneanet
Saint Caprais, une figure d’exemple
Saint Caprais fût un fidèle compagnon de saint Honorat, surtout à ses débuts sur l’île de Lérins. Saint Hilaire le décrivait comme un exemple et disait de lui que « sa charité était ardente, son humilité extrême et sa modestie parfaite » !
C’est cette “chapelle Saint-Caprais”, restaurée en 1933, qui aurait hébergée l’ermite… il y a plus de 1600 ans !
Chapelle de Saint Caprais © Flickr.com
L’abbaye, aujourd’hui
L’abbaye de Lérins est encore en vie ! Aujourd’hui elle est habitée par 21 moines cisterciens qui vivent, selon la règle de saint Benoît, dans une vie d’alternance entre prière et travail. Des Vigiles à 4h30 jusqu’aux Complies à 20h, les moines chantent la louange de Dieu un total de sept fois par jour, si on ne compte pas la Messe bien sûr !
Si le grand vignoble reste leur activité principale, les moines fabriquent aussi, bien qu’en plus petites proportions, de l’huile d’olive et des liqueurs monastiques (aux plantes, mandarine, citron, au citron, ou encore à la verveine de l’île).
Et cette production est nécessaire et fondamentale ! En effet, s’ils fournissent du travail à la communauté, ces produits aident surtout les moines à subvenir à leurs besoins, alors n’hésitez pas à acheter quelques bouteilles ! Vous pouvez en obtenir sur place (abbaye de Lérins, Île Saint-Honorat, 06400 Cannes), ou bien en cliquant ici : acheter en ligne les vins et liqueurs de l’abbaye de Lérins.
Frère de l’abbaye de Lérins prélevant à la pipette une liqueur en fût © Abbaye de Lérins
Pour en savoir plus
Pour que l’article reste clair et facile à lire, nous avons dressé une liste non exhaustive des figures saintes passées par l’abbaye de Lérins. Dans le cas contraire, nous aurions rajouté au moins Fauste, Quenin, Aygulf, Vincent, Césaire ou encore Lambert. Par ailleurs, uniquement deux des sept chapelles de l’île de Lérins y ont été mentionnées… Les plus curieux cliqueront ici pour en savoir plus sur les saints de l’abbaye de Lérins !








