De l’Observatoire International Cardinal Van Thuan :
Les principes non négociables et les personnes qui les soutiennent se sont manifestés à Vérone
Notre Observatoire a participé au Congrès mondial des familles de Vérone et les a traités comme un thème central de la doctrine sociale de l’Église en ce qui concerne la vie, la famille, la procréation et leur dimension publique.
Nous publions ici une intervention de Stefano Fontana, parue sur La Nuova Bussola Quotidiana, aujourd’hui, 1er avril 2019 (…).
Le Congrès mondial des familles de Vérone a traité directement de la doctrine sociale de l’Église, même si elle ne l’a pas directement mentionnée. Les thèmes du Congrès sont au cœur de la doctrine sociale de l’Église, bien qu’ils soient aujourd’hui souvent laissés de côté : à Vérone, l’existence des «principes non négociables», moralement et politiquement contraignants, a été réaffirmée. En conclusion de ce Congrès qui a fait beaucoup de bruit et qui fut âprement discuté, parmi les nombreuses choses que d’autres diront, j’ai choisi deux sujets qui me paraissent indiquer la pratique qu’il faudra suivre à l’avenir. Il faut savoir apprendre des expériences.
À l’occasion de ce congrès, les positions des “belles âmes” qui adhéraient au contenu mais pas aux méthodes ont émergé du côté catholique. En d’autres termes, elles n’étaient pas d’accord avec les prises de positions affirmées et auraient souhaité des attitudes de dialogue. Selon elles, il n’aurait pas dû s’agir de réaffirmer les vérités et de convoquer ceux qui voulaient s’engager à les défendre, mais il aurait été utile de créer un espace de discussion en vue d’échanger des points de vue. C’est l’idée que le catholique devrait toujours proposer des solutions ouvertes et ne jamais déclarer des vérités ou condamner des erreurs. En bref, il devrait toujours être “pour” et jamais “contre”. Je ne mentionne pas les noms de ceux qui ont parlé ainsi. Nous les avons tous lus dans les journaux ou sur les réseaux sociaux ces derniers jours. C’est l’attitude de ceux qui disent que certains mots ou styles ne devraient jamais être utilisés. Vous découvrirez ci-dessous l’idée que la manière (le comment) est aussi importante et peut-être plus que le contenu (la chose) ou que le “pastoralisme”.
Or, les faits survenus autour du Congrès ont complètement dissipé cette illusion pastorale. Alors que les “belles âmes” du catholicisme reprochaient aux organisateurs du Congrès et à ses participants leur style offensif, les autres, c’est-à-dire ceux avec lesquels un dialogue aurait dû être ouvert, mobilisaient leur artillerie et tiraient à boulets rouges; ils ont tendu leurs embuscades et préparé leurs pièges, ils ont mobilisé leurs troupes pour payer leur trajet en bus à Vérone afin de manifester, ils ont attaqué, insulté et dénigré, semé des mensonges, mobilisé des animateurs de la RAI, ameuté des intellectuels … enfin, ils ont fait la guerre. Face à ce bombardement hostile, aucune des “belles âmes” n’est intervenue avec des mots de condamnation ni n’ont pris leurs distances; au contraire, elles ont continué à critiquer les organisateurs du Congrès parce qu’ils n’avaient pas jeté de “ponts” et qu’ils avaient utilisé un style offensif.
Pour ces raisons, le Congrès de Vérone a réfuté intégralement ce catholicisme engagé dans un dialogue pastoral (ce qui lui porte préjudice), rappelant que, pour dialoguer, il faut être deux et que, si l’autre ne joue pas le jeu, il est impossible de dialoguer avec lui qui s’engage dans une lutte qui n’est régie par aucune règle. (…) C’est une lutte dans laquelle, comme dans toute lutte, il y a des défections et des trahisons. Une lutte dans laquelle, comme dans toute lutte, le principal danger est le “front interne”. La demande d’un dialogue systématique et préalable est, pour utiliser une expression militaire, une forme de connivence avec l’ennemi.
Une autre leçon intéressante a émergé à Vérone. C’est précisément parce qu’il faudrait agir “pour” et jamais “contre” que de nombreuses interventions – même faisant autorité – du côté catholique ayant pour but de rappeler que la famille est irremplaçable. Cependant, aucune allégation n’a été faite pour soutenir que les autres “types de famille” ne devraient pas être reconnus. Cette parole “pour” et non “contre” signifiant “oui” et jamais “non”, n’est pas suffisante. Cela reviendrait à dire que la reconnaissance légale d’un couple de fait ou d’une union civile serait possible, à condition que ces unions ne soient pas assimilées à la famille. (…) Qui demande seulement que la famille ne soit pas privée de son exclusivité, ne dit rien de la l’illégalité de la reconnaissance d’autres formes d’union, même si elles ne sont pas assimilées à la famille. Ce qui s’est passé autour du Congrès de Vérone montre donc qu’on ne peut pas être “pour” sans être aussi “contre”, tout le reste n’est que mystification. Et c’était cet enseignement qui était agaçant, à la fois en dehors du monde catholique et à l’intérieur. “Pourquoi ne pas simplement promouvoir votre idée de la famille et ne pas laisser les autres mettre en avant la leur?” Cette position exprimée par Cecchi Paone à Jacopo Coghe dans la “vidéo de l’embuscade” est également partagée par les catholiques “non offensifs”, ceux qui ne veulent que des propositions positives et inclusives, et ne veulent jamais opposer des propositions négatives et exclusives.
Stefano Fontana