A côté de la sucrerie, se trouvait une église près de laquelle s’élevait une grande croix de bois qui portait, peinte à l’huile sur fond métallique, l’image du Crucifié.
Le 1 septembre 1931, le comité du parti communiste arriva sur les lieux pour fermer l’église. Il apportait avec lui, toute prête, une « décision unanime du peuple » signée par tout le monde, paraît-il, afin de justifier la fermeture du sanctuaire pour « inutilité », mais les femmes commencèrent à crier : « Fermez d’abord vos synagogues si elles ne vous sont pas utiles ! Nous, nous voulons nos églises ! »
Au son de tout ce vacarme, les ouvriers surgirent de l’usine tandis que bientôt les paysans s’assemblaient aussi. Un des représentants du pouvoir ordonna à la foule de se disperser immédiatement avec menace de faire tirer sur elle. Pour effrayer cette manifestation, les soldats tirèrent en direction du Crucifié. Une des balles atteignit l’Homme-Dieu au côté droit, un peu au-dessous de la poitrine. Un flot de sang jaillit du trou !
Quand la nuit arriva, près de trente mille personnes, venues des villages alentour était réunie là pour rendre hommage à Dieu. Des émissaires de la Tchéka avaient également été dépêchés sur les lieux et ils s’était produit quelque chose d’étonnant. Dès leur arrivée, les chevaux de la police secrète s’étaient cabrés pour s’enfuir comme une flèche, en bondissant malgré tous les efforts de leurs cavaliers pour les retenir.
Devant toute la foule, un hébreu, employé à l’usine demanda le baptême pour lui, sa femme et les deux enfants. Il le reçurent en présence de tout le monde.
Le journal « Izviestia » écrivit ensuite que « les soldats, par plaisanterie, avaient tiré sans but défini et qu’une des balles avait atteint le Christ fait de fer déjà vieux et rouillé ; un liquide qui s’y était formé avait coulé de la « blessure », liquide mélangé à de la rouille. Voilà pourquoi quelques têtes folles s’étaient imaginées que c’était du sang ».
Le sang continua à couler jour après jour. Beaucoup de gens y trempèrent leurs mouchoirs blancs, afin de le conserver. Il vint aussi un médecin juif qui préleva de ce sang pour l’analyser. Il revint le lendemain.
« Quels résultats avez-vous trouvé, camarade docteur ? »
« Je vais vous dire la vérité que c’est du sang humain » répondit l’hébreu les yeux pleins de larmes en faisant le signe de la croix.
Les paysans et les ouvriers reprirent courage et sortirent leurs icônes cachées, pour les mettre à nouveau dans leurs maisons, sans s’émouvoir des menaces que leurs faisaient les communistes.
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