L’AED invite des grands témoins pour honorer les martyrs de la foi, prêtres, religieuses, religieux et laïcs engagés ayant perdu la vie ces derniers mois par fidélité au Christ.
Au cours de la Nuit des témoins, les personnalités suivantes donneront leur témoignage sur la réalité de la situation des chrétiens dans leur pays respectif :
Mgr Fridolin AMBONGO (République démocratique du Congo)
Archevêque de Kinshasa
« Vouloir établir la paix et la justice dans un pays où il n’y a ni vraie paix, ni vraie justice, où le peuple croupit dans la misère en raison du mauvais cœur des hommes, constitue un travail à haut risque » admet Mgr Fridolin Ambongo avec un franc-parler assumé.
Fils d’un saigneur d’arbre à caoutchouc, le nouvel archevêque de Kinshasa depuis le 1er novembre dernier a développé tôt un intérêt profond pour les questions de justice et de paix : au contact des Frères capucins de sa paroisse d’abord, puis au cours de ses études, à Kinshasa puis à Rome.
Ordonné prêtre en 1988, nommé évêque de Bokungu-Ikela en 2005 par le pape Jean-Paul II – dont l’engagement pour son pays l’a beaucoup marqué – puis de Mbandaka-Bikoro en 2016, il découvre alors la dimension socio-politique du ministère épiscopal qu’il occupe.
Fervent partisan d’un Etat de droit, il prend en 2008 la présidence de la commission Justice et Paix, l’organe politique de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et se fait connaître sur la scène internationale.
Vice-président de la Cenco depuis juin 2016, il participe à la négociation de l’accord de la Saint-Sylvestre qui prévoit l’organisation d’élections en 2017 alors que le président Kabila refuse de quitter le pouvoir. Le non-respect de cet accord conduit des laïcs à organiser des marches de protestation, sévèrement réprimées, auxquelles Mgr Ambongo et l’Église apportent leur soutien.
Inscrivant son action dans la continuité de celle de son prédécesseur, le cardinal Laurent Monsengwo, Mgr Ambongo dénonce ceux qui profitent du système actuel et les carences de l’Etat auxquelles l’Eglise tente de suppléer. Il s’indigne en particulier de la « mauvaise compréhension de l’exercice d’autorité » des responsables de son pays et de leur cupidité. Une cupidité qui plonge dans la misère tout un peuple, faisant de ce pays qui dispose pourtant d’abondantes ressources naturelles une vallée des larmes. « Mais quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finira par se lever », confie-t-il.
Mgr Theodore MASCARENHAS (Inde)
Évêque auxiliaire de Ranchi, secrétaire général de la conférence épiscopale indienne
« Depuis plusieurs années, la pression des extrémistes hindous s’accroit sur les chrétiens » dénonce Mgr Theodore Mascarenhas. Secrétaire général de la conférence épiscopale indienne depuis 2016, il s’indigne régulièrement des attaques dont font l’objet les chrétiens à travers le pays. A l’approche des élections législatives qui auront lieu en avril prochain, les manifestations d’hostilité à l’égard des chrétiens risquent d’augmenter.
Une situation d’autant plus déplorable que l’Église catholique en Inde remplit un rôle social incontestable, indique Mgr Mascarenhas. Les écoles et les hôpitaux dont elle s’occupe ont une excellente réputation et sont situés dans les zones les plus inaccessibles. Mgr Mascarenhas connait bien cette réalité : jeune prêtre, il a mené des activités pastorales et éducatives à Bhatinda, au Pendjab, dans le nord-ouest de l’Inde ; depuis 2014, il est évêque auxiliaire de Ranchi, dans un des Etats les plus pauvres du pays.
« L’Église aide les plus pauvres en Inde, ce qui lui vaut la méfiance des plus riches » résume Mgr Theodore Mascarenhas. En prenant soin des plus démunis, en particulier des dalits et des minorités ethniques, les chrétiens vont à l’encontre du système des castes, officiellement interdit mais encore très prégnant dans la société indienne.
En période électorale, la parole de l’Eglise se fera plus discrète, confie Mgr Mascarenhas – pour éviter toute récupération politique – sans pour autant se renier. « Nous faisons la promotion de la paix et de l’harmonie dans le pays, nous voulons construire des ponts avec les gens de toutes les religions, explique le porte-parole de la conférence épiscopale. Mais nous continuerons à revendiquer la justice sociale, la liberté religieuse, nous continuerons à travailler avec les plus pauvres parmi les pauvres, sans avoir peur de ceux qui voudraient nous en empêcher. »
Soeur Mona ALDHEM (Syrie)
Religieuse de la congrégation des Sœurs de la Charité de Sainte Jeanne-Antide Thouret
« Nous pensions que la guerre serait courte », se souvient sœur Mona Aldhem, responsable d’une école patriarcale greco-catholique dans la banlieue de Damas, quand les combats éclatent en 2011.
« Et depuis, tous les jours, nous avons été confrontés à la douleur des souffrances partagées : les bombardements, les enlèvements, les déplacements de population, la mort qui rôde, … J’ai vécu la guerre avec la peur au ventre. » Une peur d’autant plus vive que les combats gagnent bien vite le quartier où se situe l’école. Face à l’insécurité croissante, celle-ci déménage – les anciens locaux seront bien vite saccagés – et les effectifs fondent – deux-tiers des élèves quittent l’école. Mais sœur Mona décide de rester en Syrie, sa terre natale : « c‘était mon devoir de soutenir mon peuple dans sa souffrance », confie-t-elle.
Envoyée par sa communauté à Beyrouth pendant deux ans, elle revient en Syrie en 2016. C’est dans la région du Hauran, à Khabab, qu’elle assure le service pastoral et social dans cinq villages, en compagnie d’une autre religieuse. « Les gens me confient leurs souffrances et leurs problèmes et j’essaie de les écouter, de les soutenir. Après huit années de guerre, les gens sont fatigués ; ils aspirent à une vraie paix et souhaitent que leurs enfants retournent de l’étranger. »
Si elle confie avoir éprouvé de la peur, sœur Mona ressentait également « un courage et une force extraordinaires » qui lui ont permis d’apporter un soutien moral, spirituel et matériel à ceux qui lui étaient confiés et qui, bien souvent, avaient tout perdu. Un courage et une force qui, désormais, lui permettent de les aider à se reconstruire. « Libérés de leur peur-panique d’être chassés de leur maison, les habitants restés sur place secouent la poussière de la guerre, observe-t-elle, et retrouvent, peu à peu, la joie de vivre ».
Ils donnent leur vie pour le Christ, venez prier pour eux !
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