Plusieurs mois se sont écoulés depuis que les villes et villages de la plaine de Ninive abandonnés en 2004 par leurs habitants chrétiens suite à l’avancée des milices djihadistes du prétendu « Etat islamique » ont été libérés. Malgré la reconquête de cette zone par les forces anti-djihadistes, aucun flux conséquent de chrétiens en direction de cette zone n’a été enregistré.
Yonadam Kanna, Secrétaire général du Mouvement démocratique assyrien, tenté de pointer certaines des causes de ce non retour des chrétiens. Parmi elles, il a notamment mentionné l’incertitude concernant la future organisation politique et institutionnelle de la région, toujours disputée entre le gouvernement central de Bagdad, qui revendique le plein contrôle politique, et le gouvernement de la Région autonome du Kurdistan irakien, qui vise à pour objectif une autonomie toujours plus forte par rapport au gouvernement central faisant du Kurdistan irakien le premier noyau internationalement reconnu d’une nation kurde indépendante.
Parmi les autres causes citées par Yonadam Kanna pour justifier l’absence de retour des chrétiens – chaldéens, assyriens et syriaques – dans la plaine de Ninive, se trouve la présence persistante sur le territoire de forces militaires et de groupes armés de différentes natures, en théorie unis dans la lutte contre le prétendu « Etat islamique » mais ayant également l’intention de revendiquer des prérogatives contrastantes sur les territoires libérés de la présence des miliciens djahidistes.
Il faut également mentionner les innombrables cas d’expropriation illicites de maisons et biens immobiliers, perpétrés à leur encontre par de véritables organisations et clans bénéficiant de complicités jusqu’au sein des bureaux du cadastre.
Selon Michael Benjamin, Directeur du Centre d’Etudes Ninive, les plaintes déposées, y compris devant les autorités de la Région autonome du Kurdistan irakien au cours de ces dernières années n’ont produit aucun changement. Les terrains soustraits illégalement à leurs propriétaires chrétiens dans différentes zones, villes et villages, y compris au sein des provinces de Dohuk et Erbil représentent des milliers d’acres. Déjà l’an dernier, quelques centaines de chrétiens syriaques, chaldéens et assyriens, provenant de la région de Nahla, en province de Dohuk, dans le nord du pays, avaient organisé une manifestation devant le Parlement de la Région autonome du Kurdistan irakien pour protester contre les expropriations illégales de leurs biens immobiliers subies ces dernières années de par l’action d’influents notables kurdes, expropriations déjà plusieurs fois dénoncées, mais jusqu’à présent sans résultats, devant les tribunaux compétents.
A propos de l’avenir de la présence chrétienne dans le nord de l’Irak, il faut remarquer la prise de position du cheikh Abdul Mahdi Karbalai, représentant officiel de l’Ayatollah Ali al Sistani, plus haute autorités chiite en Irak, qui, dans le cadre d’une récente rencontre avec une délégation de chrétiens de Mossoul, a exprimé sa pleine disponibilité à lutter contre l’ensemble des tentatives de fausser la composition ethnique et religieuse qui caractérisait la région avant l’arrivé des djihadistes du prétendu « Etat islamique » et à soutenir toutes les initiatives requises pour favoriser le retour des chrétiens de la plaine de Ninive dans leurs maisons et leurs villes.
Source Agence Fides