Si vous êtes catholique revendiqué et votez FN vous n’êtes pas très pratiquant, sans figure spirituelle de référence. Si vous aimez Benoît XVI et François-Xavier Bellamy vous êtes au contraire la fine pointe du catholicisme de droite, pratiquant, mais néanmoins vous n’êtes pas considéré comme conciliaire.
Pour obtenir ce qualificatif de la part du sondage IFOP sur la sociologie des catholiques, il faut que vous soyez plutôt Abbé Pierre et Joseph Moingt avec une vive opposition avec vos frères plus tentés par le FN et, bien entendu, vous votez à gauche.
Telle est donc la nouvelle grille de lecture qui veut dépasser le clivage traditionnel pratiquant / non pratiquant mise en place par IFOP pour le sondage effectué pour le groupe Bayard.
Une évidente caricature, comme tout ce qui cherche à parquer étiquette par étiquette, qui a pourtant le mérite de mettre en lumière, si l’on en doutait, que catholique ne recouvre pas la même définition pour tout le monde. Étonnamment, toute la frange dite “tradi”, pour ne pas aller jusqu’à “intégriste” est absente de ce sondage. On en sent par contre tout le souffre dans l’héritage des amis de Benoît XVI et Bellamy (qui doit être honoré d’un tel pied d’égalité). Ce groupe serait donc parmi les moins nombreux et reviendrait de loin, malgré son opposition à l’Eglise des années post conciliaires. Et bien entendu ce sont des “bourgeois” (sic).
Donc en deux mots les conciliaires sont de gauche et La Manif pour tous, pro Benoît XVI, est anti conciliaire. Une caricature qui doit faire se retourner le pape émérite dans son monastère.
Les cases dans lesquelles ces cathos sont enfermés portent des noms eux-mêmes caricaturaux.
Les festifs culturels, les plus nombreux, ne sont pas pratiquants et Jésus est amour. Les observants sont des pratiquants hebdomadaires (au minimum) et considèrent que l’ascèse est le chemin pour aller vers Jésus. Nous évitons de peu le qualificatif “doloriste”, tout comme les “inspirés” de la communauté de l’Emmanuel sont épargnés par “illuminés”. Vous remarquerez du reste que ces inspirés ont pour modèles Jean Vanier et Daniel Ange, mais votent FN.
Bon, cessons là notre revue d’un sondage dont l’intention ne nous semble pas très claire et qui tend à caricaturer tout un pan des catholiques, ajoutant la division à la caricature. Il faut avoir bien peu déambulé dans les chapelles du monde catholique pour émettre tant de poncifs caricaturaux.
Décidément, entre les stigmatisations identitaires du journal La Vie et les sondages diviseurs du groupe Bayard, il semble que les catholiques rangés dans des petites cases de droites dérangent. Comme Benoît XVI les a dérangé.
Il me semble pourtant me rappeler que celui qui divise a un nom et qu’il n’est pas l’ami de Jésus. Quand donc ce pugilat venu de groupes se réclamant de la tolérance finira-t-il de nous diviser ? Peut-être quand on comprendra que tolérer ne signifie rien moins que ce méprisant “supporter” et non respecter. Peut-être quand on s’apercevra que le Christ n’est pas une idéologie, mais une personne. Peut-être quand on comprendra que le bonheur de l’Homme n’est nulle part ailleurs que dans un cœur à cœur amoureux avec ce Jésus Dieu d’amour, et que c’est ce cœur à cœur qui nous fait être des frères respectueux des autres et tournés vers eux.
Il est curieux de voir combien les “festifs culturels” ou autres cases réductrices dans lesquels nous venons tous d’être cloisonnés, ne voient (selon le sondage) dans ce Dieu d’amour qu’un Dieu qui prêche l’amour horizontal entre les hommes, alors que le premier amour qu’Il demande est l’amour vertical. Qu’on se rappelle la première parole (maladroitement traduite par “commandement”) de Yahvé. Finalement, Jésus, brandi comme Dieu d’amour, est le grand laissé pour compte de ce monde des bisounours.