Alors que l’Eglise du Japon célèbre son nouveau Bienheureux Juste Takayama Ukon et que Martin Scorsese sort son film Silence, la critique de France Culture est pour le moins étonnante :
Les Jésuites du film ne posent pas de bombes ; le verbe est leur seule arme. Mais en connaissant le sort de leurs frères, torturés, mort au nom de Dieu en terre japonaise, leurs successeurs ne savaient-ils pas qu’ils s’envoyaient à la mort et qu’ainsi leur sacrifice ferait office de martyr ? Les kamikazes islamistes d’aujourd’hui, ressemblent fort, dans leur objectif, aux “bombes humaines” jésuites du XVIIe siècle, leur dénominateur commun étant la mort pour propager leur croyance.
Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que les missionnaires jésuites ne se suicidaient pas et laissaient à Dieu de décider de leur martyre. Ce qui, au demeurant est la principe du martyre. C’est un don de Dieu et non un acte suicidaire héroïque. En outre la mort du missionnaire n’était pas un attentat visant à terroriser les populations ou à faire la une des médias, mais la conséquence de sa prédication. Enfin, c’est par la grâce de la mort au nom du Christ et par le truchement de la Croix du Sauveur que la mort du martyre porte du fruit, si, quand et où Dieu le veut.
Il n’est donc pas exacte de dire que la mort servait à propager la croyance des jésuites, comme un instrument humain d’une stratégie mise au point depuis l’Europe. A la différence du Djihadiste que l’on envoie mourir explicitement et certainement, la mort du missionnaire du XVIIème siècle est un risque et non une étape de la mission. C’est en revanche un des mystères du martyre que de porter des fruits de conversion, post-mortem, mais surtout per christum et in christum