Découpler l’éthique de l’économie est un faux dualisme explique Benoit XVI

Découpler l’éthique de l’économie est un faux dualisme explique Benoit XVI

Alors que le pape François recevait des entrepreneurs chrétiens la semaine dernière, alors que les analystes nous disent que le duel Fillon Juppé pourrait se jouer sur l’économie et l’Europe, il nous est apparu opportun de rappeler ce court avertissement du pape Benoît XVI en 2010.

Benoît XVI, entretien avec les journalistes au cours du vol vers le Portugal, 11 mai 2010

(reprise estivale d’un article du 3 décembre 2016)

 

La crise économique s’est récemment aggravée en Europe et elle implique aussi en particulier le Portugal. Certains leaders européens pensent que l’avenir de l’Union européenne est à risque. Quelles leçons tirer de cette crise, aussi sur le plan éthique et moral ? Quelles sont les clés pour consolider l’unité et la coopération des Pays européens à l’avenir ?

 

Benoît XVI : Nous constatons un faux dualisme, c’est-à-dire un positivisme économique qui pense pouvoir se réaliser sans la composante éthique, un marché qui serait régulé seulement par lui-même, par les pures forces économiques, par la rationalité positiviste et pragmatique de l’économie – l’éthique serait quelque chose d’autre, étrangère à ceci. Dans les faits, nous voyons maintenant qu’un pur pragmatisme économique, qui fait abstraction de la réalité de l’homme – qui est un être éthique –, n’aboutit pas positivement, mais crée des problèmes insolubles. Par conséquent, c’est maintenant le moment de voir que l’éthique n’est pas une réalité extérieure, mais intérieure à la rationalité et au pragmatisme économique. D’autre part, nous devons aussi confesser que la foi catholique, chrétienne, était souvent trop individualiste, qu’elle abandonnait les choses concrètes, économiques, au monde et qu’elle pensait seulement au salut individuel, aux actes religieux, sans voir que ceux-ci impliquent une responsabilité globale, une responsabilité pour le monde. Donc, ici aussi nous devons entrer dans un dialogue concret. Dans mon encyclique « Caritas in veritate » – et toute la tradition de la Doctrine sociale de l’Église va dans ce sens – j’ai cherché à élargir l’aspect éthique et de la foi au dessus de l’individu, à la responsabilité envers le monde, à une rationalité qui se réalise par l’éthique. D’autre part, les derniers événements sur le marché, ces deux, trois dernières années, ont montré que la dimension éthique est intérieure et doit entrer à l’intérieur de l’agir économique, parce que l’homme est un et qu’il s’agit de l’homme, d’une saine anthropologie, qui englobe tout, et c’est seulement ainsi que le problème se résout, c’est seulement ainsi que l’Europe remplit et réalise sa mission.

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